Music

Bienvenue dans la petite boutique des Ho99o9

Ho99o9 (à prononcer ‘horror’, comme vous avez pu vous en douter) sont les nouveaux fers de lance d’un crossover particulièrement féroce, mêlant rap, punk et thrash metal. Oui, tout ça, mais jamais en même temps, car Eaddy et The OGM, les deux types qui forment le groupe, n’ont pas hyper envie de tomber dans des plans fusion. Ce pont entre leur adolescence hip-hop et leur évolution plus rock a récemment pris la forme d’un premier EP, Horrors of 1999 et d’un démanagement à Los Angeles, qui leur a accesoirement permis de faire figurer Ciara le Gale dans un de leurs clips. On a rencontré le duo à quelques jours de sa prestation très attendue aux Eurockéennes, juste avant un concert à Brighton où ils ont débrqué sur scène en robes de mariées, avant d’échanger des bières avec le public et de se jeter dans la foule, pour finir leur show dans le plus simple appareil. Bref, le résultat typique d’une éducation stricte dans le New Jersey.

Noisey : Comment est né Ho99o9 ?
OGM : Trs franchement, c’est juste arrivé comme ça.On était amis depuis longtemps, bien avant de monter le groupe et on a décidé un jour de bosser ensemble sur ce projet. Rien de sérieux au début, c’était juste pour déconner et voir ce qu’on pouvait en tirer… Puis on a commencé à devenir vraiment bons et on s’est mis à y a réfléchir un peu plus sérieusement.

Vous venez tous les deux du New Jersey. Est-ce que tu dirais que votre son est lié à cet endroit ?
OGM : Définitivement. On vient de zones urbaines où la plupart de la musique se résume à du rap pur et dur. On a grandi au milieu des dealers et des gangs. Quand tu ramènes le punk dans le hood, les mecs sont là, ‘c’est quoi cette merde ?’ Ils nous prennent pour des weirdos.
Eaddy : Ouais, on est tarés.

Et donc il s’est passé quoi quand vous avez ramené le punk dans le hood ?
OGM : Eh bien ça a carrément changé les choses au sein de notre scène. Avant de monter le groupe, on organisait des concerts – on faisait partie d’un collectif et on organisait des concerts hip-hop et on les mélangeait avec du punk, du rock, des performances artistiques, et les gens ont commencé à s’ouvrir au fur et à mesure, tu vois ? Le quartier ne connaît que le quartier parce que les gens ne cherchent pas à aller au-delà. Donc si tu leur apportes des trucs et que tu leur mets sous les yeux, c’est cool, et ils finiront par l’accepter.

Vous avez déclaré être assez frustés par les concerts hip-hop où le public reste plutôt statique. C’est important pour vous, l’interaction avec le public ?
OGM : C’est ce qui attire l’attention. Les gens viennent te voir, alors tu dois les divertir. Les gens viennent te voir, toi. Tu ne peux pas leur sortir une demi-molle.
Eaddy : Ecouter de la musique est une chose, et la voir en live en est une autre. C’est une expérience totalement différente. Tu dois bosser là-dessus.
OGM : Le tout doit être parfaitement affuté, la musique comme la perf’.
Eaddy : Ouais, parce que si la musique est bonne, c’est ça qui te pousse à aller la voir en live…
OGM : … et si la performance est bonne aussi, tu te fais des fans ! Ça m’est arrivé d’aimer des groupes et d’être vraiment déçu après les avoir vu en live. Zéro émotion. C’est vraiment con quand ça arrive.

Vous envisagez vos concerts comme des performances artistiques ?
Eaddy : Ouais je crois qu’on peut dire ça…

Qu’est ce que vous voulez faire ressentir au gens dans le public ?
Eaddy : Je veux qu’ils soient excités, qu’ils se sentent heureux, j’ai envie qu’ils lâchent toute l’aggressivité qu’ils ont accumulée tout au long de la semaine. Je veux qu’ils se sentent libres et qu’ils ressentent notre énergie.
OGM : Et aussi qu’ils se disent, ‘bordel qu’est ce qu’il vient de se passer ? Je veux recommencer !’

Quelle importance vous donnez à votre look ?
Eaddy : Ça joue un rôle quand tu es sur scène… Ça te permet de jouer différents personnages, de jongler entre plusieurs alter ego. C’est comme quand on était gosses et qu’on matait des films et des dessins-animés avec des superhéros. On s’inspire de différents personnages.
OGM : Même quand on n’est pas sur scène, on aime bien déconner comme ça.

Il y a des concerts qui vous ont particulièrement marqués quand vous étiez gamins ?
Eaddy : Je n’allais pas aux concerts, j’ai été élevé dans une famille stricte donc je n’avais pas la permission de sortir. On allait à des fêtes de quartier, cela dit. Jersey est réputé pour la jersey club, la dance music, et on se pointait à ce genre de soirées. Je ne suis allé à des concerts que bien plus tard.
OGM : Ouais, quand j’étais gamin on était juste trop pauvres. On ne quittait jamais le quartier. Je ne pouvais rien demander à ma mère. Et en plus, je ne connaissais rien.
Eaddy : Je ne pouvais aller nulle part, même si je savais qu’il se passait un truc à tel endroit. Mes parents refusaient systématiquement tout ce que je leur demandais.
OGM: J’ai commencé à sortir en concert à la fin du lycée.

Vous mélangez tous les genres dans votre musique.
Eaddy: Ouais, c’est bien plus excitant ! Si tout était pareil tout le temps, on s’ennuierait très vite. Voilà pourquoi dès qu’un truc qui sort du lot débarque, on le chope au passage.

Vous aimeriez entendre votre musique en bande-son de quel genre de film ?
Eaddy : Sur tout ce qu’a fait Rob Zombie, des trucs comme The Devil’s Rejects.

Donc des trucs relativement pétés.
Eaddy : Oui, plutôt… Ce film est bien pété.
OGM : Ou les films de Quentin Tarentino. Il faudrait qu’on rencontre ce mec.

Allez-y ! Votre EP s’appelle Horrors of 1999… il s’est passé quoi de si grave en 1999 ?
OGM : Un tas de trucs pétés.

Un truc en particulier ?
OGM : En fait, le projet se concentre sur un paquet d’évènements qui sont arrivés cette année-là. Comme le massacre de Columbine où ces kids se sont juste mis à tirer sur tout le monde. Ça s’est passé en 1999, t’avais oublié ? Checke un peu les évènements de cette année-là, c’est taré tout ce que tu trouveras. C’est la vie, quoi.


Les Ho99o9 seront ce vendredi 3 juillet aux Eurockéennes de Belfort.