De tous les groupes de la première vague shoegaze à s’être reformés ces dix dernières années, Swervedriver ont été les premiers. Ils ne s’attendaient sûrement pas à lancer un mouvement, mais le fait est que My Bloody Valentine, Slowdive, Ride et Lush ont tous fini par suivre le pas, après avoir réalisé que leur musique était bien plus appréciée aujourd’hui que pendant leur âge d’or, au début des années 90.
Comme leurs camarades, les Swervies (c’était leur surnom) ont eu leur lot de déconvenues à l’époque. S’ils ont signé sur le très influent label Creation Records dès 1990 et ont immédiatement été assimilés à la Scene That Celebrates Itself [ Scène Qui Se Regarde Le Nombril], étiquette peu flatteuse que la presse accolait sur cette vague de groupes indie obsédés par les pédales d’effet et les volumes sonores ahurissants, qui jouaient en regardant leurs pieds plutôt que leur public, ils ont dû, par la suite, jongler avec les problèmes. Au cours de leur neuf premières années d’existence, le groupe est ainsi passé par six labels différents (parmi lesquels Geffen, qui les a virés juste au moment où ils s’apprêtaient à sortir leur quatrième LP) et a eu un mal fou à garder un batteur plus de six mois. À la fin des années 90, le groupe jette l’éponge et son frontman Adam Franklin se lance dans plusieurs nouveaux projets, en solo et en groupe.
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Depuis leur reformation en 2007, Swervedriver ont en revanche tout fait selon les règles de l’art. Ils ont enchaîné les tournées de reformation, réédité leurs premiers albums et en ont enregistré un nouveau, qu’ils ont défendu sur scène. Ils prévoient maintenant de revenir à leurs jeunes années, avec une tournée américaine sur laquelle ils joueront leurs deux premiers albums – Raise, sorti en 1991, et Mezcal Head, sorti en 1993 – à la suite.
« On a déjà joué Raise du début à la fin, en Australie et en Angleterre », explique Franklin. « Cette fois, on va faire les deux premiers albums, et ensuite, on va commencer l’enregistrement du sixième album. On jouera Raise, et j’imagine qu’il y aura un interlude, avec des sons et des visuels qu’on aura choisis, et puis on reviendra sur scène pour faire Mezcal Head. On a eu des demandes de groupes pour jouer avec nous, mais on se dit qu’il y aura déjà beaucoup à voir rien qu’avec nous. La tournée sera donc uniquement consacrée à ces deux albums. »
L’occasion idéale de contacter Franklin pour le soumettre à notre rubrique Range Tes Disques, dans laquelle un groupe doit classer ses albums, de celui qu’il considère comme le moins bon, à celui qu’il préfère. Ce qu’il a fait sans rechigner, même s’il était visiblement déçu de ne pouvoir inclure à la liste la compilation Juggernaut Rides ’89 – 98′. « Si un extra-terrestre arrivait sur Terre et demandait quel album de Swervedriver il faut écouter en premier, je lui dirais Juggernaut Rides, parce que c’est boum, boum, boum, que des hits. » Désolés, Adam, pas de compilations dans la liste, c’est la règle.
5. 99th Dream (1998)
Noisey: Pourquoi celui-ci en dernier ?
Adam Franklin: Hmm, c’est sûrement celui que les gens s’attendent le plus à retrouver en dernier, pour pas mal de raisons. Le truc c’est qu’on a jamais fait deux disques avec le même line-up, sur le même label, dans une situation de confort. On avait donc toujours un truc à prouver, ce qui était plutôt une bonne chose. Ça rendait chaque disque plus risqué, plus urgent. 99th Dream était à la fois le premier album post-Creation et le premier post-A&M [ la major sur laquelle le groupe était signé aux USA]. Niveau labels, c’était le chaos. Et puis Geffen sont entrés dans la partie, ils voulaient nous signer. On a donc commencé l’album avec eux, et puis la nana qui nous avait signés a été virée et a été remplacée par un autre directeur artistique, qu’on ne connaissait pas. Je me souviens de ce moment ultra-gênant en studio, seul avec l’ingé-son et ce nouveau mec du label, qui expliquait au producteur qu’il devait réarranger « These Times », en gardant seulement les guitares acoustiques et en virant les guitares électriques et les voix. C’était la première fois que j’étais confronté à ce genre de situation et c’était vraiment n’importe quoi. Finalement, Geffen ont retiré leurs billes, mais ils nous ont laissé l’album, ce qui était plutôt classe de leur part. On l’a proposé à quelques labels et c’est Zero Hour qui l’a sorti.
Ça a donc été un album difficile à finir, parce qu’il est passé entre les mains de trois labels différents. Au départ, on voulait qu’il sonne un peu « science-fiction », électronique, mais sans utiliser de synthés, uniquement avec des guitares. Et puis, Steve [ George, bassiste] et moi, on s’est retrouvés en France, à un concert de Blonde Redhead, et on ne les avait jamais écoutés avant. Ils sont montés sur scène, et ça a été une énorme baffe. Leur son était génial. Donc on est retournés en studio, et on a ré-enregistré « These Times » avec la musique de Blonde Redhead en tête. Ça a complètement changé toute la perspective. Je pense qu’il y a de super morceaux sur cet album, surtout vers la fin, mais je l’ai réécouté récemment, et ils y a des choses qui me gênent vraiment. La façon dont je chante et le mix, notamment.
Ça a été le dernier album du groupe avant que vous n’entamiez une très longue pause. À l’époque, vous pensiez que ce serait le dernier ?
On a beaucoup tourné, et pendant nos dernières dates en Australie, on pensait vraiment que c’était la fin, même si on n’en était pas totalement sûrs non plus. Ce n’est jamais le genre de trucs dont on parle vraiment, mais je me souviens qu’il y avait ce sentiment assez bizarre. La scène londonienne était entrain de changer, on n’avait pas d’affinités avec la plupart des groupes avec qui on jouait. J’imagine qu’on s’est juste dit qu’il était temps de prendre un peu de repos. On ne s’attendait pas à ce que ça s’arrête complètement. Peu après, j’ai déménagé aux États-Unis et on a du quitter notre studio, donc ça a un peu accéléré le processus. Pendant longtemps, on a cru que ça resterait le dernier album – et pas vraiment la manière la plus satisfaisante de tirer sa révérence. Mais c’est le cas pour la plupart des groupes : à moins d’arrêter au sommet de son art, le dernier album n’est généralement pas aussi bon que les autres.
Sur la pochette, on voit des figurines d’argiles qui représentent le groupe. Est-ce que vous les avez encore ?
Je crois bien. C’est Susannah, la copine de Jimmy [ Hartridge, guitare] qui les a faites. Elle faisait des figurines de notre groupe d’avant, Shake Appeal, et elle en faisait aussi pour les amis et la famille. Mais certaines têtes ont du se détacher depuis.
4. Mezcal Head (1993)
Voilà un choix inattendu. Pour la majorité des gens, c’est l’album-phare de Swervedriver.
C’est sûrement le cas, ouais. Mais il est vraiment loin d’être parfait. Enfin, aucun album ne l’est… Mais ce qui pêche sur Mezcal Head, selon moi, c’est le tracklisting. On a enregistré ces morceaux pendant une période très optimiste. Probablement la période la plus optimiste qu’ait jamais connu le groupe, juste après le grand chamboulement, où on a perdu deux membres du groupe. Graham Bonnar [ batterie] s’est tiré à San Francisco et a fini par jouer avec Brian Jonestown Massacre. Et Adi [ Vines], le bassiste, a décidé de se barrer pour se consacrer à son deuxième groupe, Skyscraper. On a décidé de repartir sur de nouvelles bases avec Jimmy et on est entrés en studio avec Mark Waterman, un ingé-son qui bossait pour EMI Publishing. On a enregistré une version de « Duress » avec une boite à rythmes. Cette version a d’ailleurs beaucoup plu, tout le monde trouvait que le rendu était assez nouveau et excitant. Et puis on a fait venir Jez Hindmarsch pour jouer de la batterie, et comme l’horloge tournait, on s’est occupés de la basse à tour de rôle, Jimmy et moi. Ça a nui à la cohérence du disque, parce que c’est comme si on s’était retrouvés avec deux sections rythmiques, vu qu’on joue de manière très différente. On aurait clairement fait un album très différent si Graham et Adi étaient restés.
Et c’est, je pense, à cette période qu’on a gagné un nombre conséquent de fans. Aux States, on a tourné avec Medicine et Smashing Pumpkins, et « Duel » est devenu Single Of The Week à la fois dans le NME et Melody Maker. C’est la même semaine qu’est sorti le premier single de Skyscraper, donc bon, même si ce n’était pas non plus Blur vs Oasis, ça a quand même été une petite victoire pour nous. On avait de super faces B qui n’ont pas fini sur l’album, comme « Planes Over The Skyline » et « The Hitcher ». Si ces deux morceaux avaient été rajoutés à Mezcal Head, ça aurait suffit à faire pencher la balance et en faire notre meilleur album.
Pourquoi est-ce que vous ne vouliez pas les inclure sur Mezcal Head ?
On a toujours voulu avoir de bons morceaux sur les singles et les EPs, mais ces deux-là, je pense qu’ils auraient du être sur l’album. Ce n’est que mon avis, bien sûr, mais j’aurais remplacé « A Change Is Gonna Come » par « The Hitcher », et j’aurais mis « Planes Over The Skyline » en morceau final, à la place de « You Find It Everywhere ».
C’est intéressant, parce qu’en Amérique du Nord, A&M ont rajouté « Never Lose That Feeling/Never Learn » en morceau final. Pourquoi est-ce qu’ils ont fait ça ?
« Never Lose That Feeling » était le single de transition entre Raise et Mezcal Head, et j’imagine qu’ils voulaient booster l’album et mettre le maximum de bons morceaux. C’est un autre gros défaut de l’album, et un truc qui le rend bizarre à jouer live en entier aux States. Parce qu’aux États-Unis, l’album se termine avec cet enchaînement entre « You Find It Everywhere », « Never Lose That Feeling » et « Never Learn ». Mais pour moi, l’album se termine avec « You Find It Everywhere », je n’ai jamais écouté cette version US de Mezcal Head.
Alan Moulder ne s’est pas contenté de produire l’album, ils vous a carrément accompagnés et aidés à retrouver la motivation, ça a été un vrai moteur pour le groupe.
On a enregistré « Never Lose That Feeling » avec Alan, puis on est partis en tournée aux States, et c’est là que Graham a quitté le groupe et qu’on a viré notre équipe de management. C’était la merde. Quand on est rentrés pour mixer le EP, et Alan nous a fait « Putain, mais où est Graham ? Ce truc est fantastique, il faut qu’on continue à bosser. » On aimait vraiment sa façon d’aborder les choses.
À quel point a-t-il été important dans la réalisation de cet album ?
Très important, vraiment. On avait loué une Rickenbacker et une Gibson Firebird, mais le son n’allait pas vraiment, alors Alan s’est tourné vers nous et nous a dit « Ce que je vais vous dire ne va pas vous plaire, mais il y a une basse en particulier qui pourrait bien avoir le son que vous cherchez, je crois. » Et c’était une Steinberger, tu vois, les basses bâton, sans tête ? Les basses hyper 80’s.
Mon Dieu ! Ces trucs sont affreux.
[ Rires] C’est le genre de truc que tu n’utiliseras jamais en live, parce qu’elles sont atroces. Mais on a loué une Steinberger, et ça sonnait à mort. C’était le grand secret de cet album, il y a une horrible basse sans tête sur certains morceaux.
3. Ejector Seat Reservation (1995)
Une période presque tranquille. Steve George nous avait rejoint à la basse. Il avait fait toute la tournée Mezcal Head avec nous mais c’était le premier album sur lequel il jouait. C’était donc le troisième line-up avec lequel on enregistrait. On avait notre petit studio, Jez avait son 16 pistes, une pièce pour les prises live en bas, la console en haut, et on a commencé à enregistrer l’album comme ça. On voulait se débarrasser du son de Mezcal Head, on le trouvait trop gros, trop « dans ta face ». On voulait aller vers quelque chose de plus organique. La moitié des morceaux de Ejector Seat ne sont d’ailleurs que des démos autour desquelles on a un peu brodé.
Bref, ça a très bien démarré, mais ça s’est fini dans le chaos total à cause de toutes les manigances de nos labels. À la base, A&M devaient nous payer trois avances pour l’album. Au moment de payer la troisième, leur comptable leur a dit : « Vous donnez beaucoup trop d’argent à ce groupe. Et si j’en crois les ventes de leurs disques précédents, vous ne le récupérerez pas. Je vous conseille de les virer. » A&M nous ont donc annoncé qu’ils ne financeraient pas le dernier tiers de l’enregistrement, mais qu’ils ne nous empêcheraient pas de le sortir en Angleterre. Ça a, du coup, pas mal changé la donne pour Creation, parce qu’ils recevaient un sacré paquet de fric de la part d’A&M, ce qui les aidait à garder la tête hors de l’eau. Mais c’était une super période pour nous, on était créatifs. On a enregistré des cuivres au studio de Jesus & Mary Chain, on a utilisé des cordes…
Ça a fini par vraiment tourner au vinaigre sur la fin. Notre choix de single était « The Other Jesus », ça tombait sous le sens. Mais Alan McGee détestait ce titre, il voulait « Last Day On Earth », qui était un titre beaucoup plus secondaire. On n’était pas à l’aise avec ce choix, mais on a accepté quand même. La Britpop était en train d’exploser et beaucoup de groupes utilisaient des cordes et des guitares acoustiques, et je pense que ça nous a desservi – en Angleterre, tout du moins. De toute façon l’album n’est pas sorti aux États-Unis. Après avoir tourné non-stop pour défendre Mezcal Head, on nous a fermé la porte au nez. Je trouve toujours qu’il y a de super morceaux sur cet album. « The Birds » reste un des meilleurs morceaux de Swervedriver. « I Am Superman » déchire.
Swervedriver, Adorable et Slowdive se sont tous fait virer de Creation la même année. Selon toi, c’était en lien avec le déclin de la scène shoegaze et l’arrivée de la Britpop, ou bien c’était plutôt pour des raisons financières ?
Les deux. Si le shoegaze était resté à la mode, ils auraient gardé Slowdive et Adorable. Mais l’époque était folle. Alan McGee avait signé tous ces groupes sans trop savoir ce qu’il allait en faire – c’était un peu comme au foot, quand un club achète un tas de joueurs fabuleux et croise les doigts pour qu’ils réussissent à jouer ensemble dans une même équipe. C’était les années du grand n’importe quoi, la drogue, les fêtes, et il est important de se souvenir qu’Alan avait fait un épisode dépressif, ou psychotique. À vrai dire, tout à commencé après un concert de Swervedriver au Roxy ou au Whiskey, à L.A. On l’a vu avant le concert, et ensuite, il était introuvable. Quelques jours après, on a découvert qu’il avait été emmené à l’aéroport en ambulance, et qu’ils l’avaient mis dans un avion. C’est à ce moment-là qu’il a arrêté la drogue et les teufs. J’imagine que le titre de notre album n’a pas aidé. Ejector Seat Reservation parle d’une expérience de psychose à bord d’un avion, ce qui ne devait pas lui rappeler de très bons souvenirs. J’imagine qu’il n’a pas dû l’écouter très attentivement.
Mais du coup, pourquoi est-ce que l’album n’est pas sorti aux États-Unis ?
Geffen voulait le sortir. Mais il nous fallait la permission de A&M, parce qu’ils avaient payé pour les deux tiers de l’album. Et A&M avaient été refroidis par leur mauvaise expérience avec Soul Asylum. Ils les avaient viré après deux disques, ils ont ensuite été récupérés par Columbia, et c’est là qu’ils ont sorti l’album qui leur a amené le succès [Grave Dancers Union]. Du coup, ils ont refusé.
2. Raise (1991)
Un premier album, c’est l’occasion de prouver qui tu es. À la base, le tracklisting était très différent, il y avait « Over » et « Hands » et il ne devait y avoir aucun des singles sortis précédemment, « Son Of Mustang Ford », « Rave Down » et « Sandblasted » . Mais, là encore, Alan McGee n’était pas d’accord et il a pris la décision d’inclure les trois singles – et sur ce coup là, je pense qu’il a eu raison. Pendant longtemps, on a trouvé l’album très inégal, parce qu’on n’aimait pas trop la version de « Son Of Mustang Ford » qui figure dessus. Mais le disque représentait tout ce qu’on avait construit jusque-là, et c’est un truc incroyablement excitant d’être dans un groupe et d’enregistrer son premier album. Après, oui, il est imparfait. Au niveau du mix, notamment. C’est fou à quel point les voix sont inaudibles sur certains morceaux. On n’entend littéralement rien du tout à moins de mettre vraiment fort sur une sono. Mais je pense que c’est ce qui fait l’attrait de ce disque, justement. Il a ce son un peu gondolé, comme si on l’avait laissé au soleil ou sous une pluie acide pendant trop longtemps. Il y a comme un flux et reflux constant, mais il est cohérent de bout en bout. Il y a certains des morceaux emblématiques de Swervedriver sur celui-là.
Il a plusieurs morceaux qui tournent autour du thème de l’automobile sur l’album. Ça vient d’où ?
C’est une espèce de truc à la T-Rex. Il parlait de Cadillac et de Rolls-Royce dans ses chansons, mais évidemment, Marc Bolan n’a jamais eu le permis. Et puis c’est le truc classique de Chuck Berry et des Beach Boys, aussi. Mais plus que tout le reste, il y a surtout ce morceau de Sonic Youth, sur Evol, « In The Kingdom #19 », qui parle d’un accident de voiture, avec le mec qui agonise sur l’autoroute. On avait une envie pressante de bouger, parce qu’à cette époque on n’était jamais allés aux États-Unis. On a basé le nom du groupe et notre premier single, « Son Of Mustang Ford », sur ce truc de bagnoles. Ça a permis aux gens de nous identifier très vite.
On voit quoi exactement sur la pochette ?
On n’a jamais mis de crédit. On aurait dû le faire. Douglas Hart, de Jesus & Mary Chain, a réalisé nos trois premiers clips, et les images de la pochette viennent de celui de « Sandblasted ». On était en tournée aux USA à ce moment-là, on s’apprêtait à partir faire la fête à San Francisco quand notre manager nous a rassemblés et nous a fait fouiller dans une boîte avec différents trucs à l’intérieur, dont des diapos de la vidéo. Avi en a pris deux, les a superposées devant la lumière et a fait « C’est pas mal ! ». Au bout d’un moment, on s’est dit « ça fera l’affaire ». C’est pas comme si on se disait que c’était une pochette géniale. Je me dis, avec le temps, que c’est un accident heureux. Aujourd’hui, je trouve que la pochette est super. C’est cool, énigmatique.
1. I Wasn’t Born To Lose You (2015)
Pourquoi est-ce que c’est ton album préféré ?
Et bien, il est nouveau, déjà. Je vois tout le temps ce truc à propos de nous, « groupe mythique ». Putain, c’est quoi, un groupe mythique ? En gros, c’est juste un groupe qui existait il y a vingt ans, et qui revient. J’imagine que c’est comme ça que le voient les jeunes. Ça m’aurait gonflé, en 1991, si des groupes de 1971, genre Mungo Jerry et T-Rex, étaient en tête d’affiche de tous les festivals. Aujourd’hui, les kids peuvent découvrir toute l’histoire du rock’n’roll, ce qui est super si tu fais toi-même partie d’un « groupe mythique ». Pour moi, l’important, c’est le dernier truc que tu fais. Je veux dire, j’ai sorti 6 albums entre 99th Dream et I Wasn’t Born To Lose You. Et en plus d’être notre dernier album, c’est aussi un putain de bon album. Après 17 ans d’absence, tu dois refaire tes preuves, tout remettre sur le tapis. Il fallait que ça soit un truc auquel les gens puissent s’identifier, mais aussi un truc nouveau, qui fasse avancer le groupe. Et je pense qu’on a réussi. Même la pochette est cool. C’est une photo de Eddie O’Keefe. On lui a acheté la photo et le design a été réalisé par Eric Lee. Ce n’est que récemment que j’ai réalisé qu’on y voit deux pieds pointés vers le ciel. C’est comme un genre d’adieu au shoegazing.
Est-ce que vous avez, à un moment, ressenti la nécessité de faire un disque qui sonne comme le groupe des années 90 dont les gens se souviennent ?
On avait d’autres idées qui affluaient, qui n’étaient pas du Swervedriver, mais on ne pouvait pas faire notre retour avec un truc complètement différent. On voulait juste trouver ce point d’équilibre, entre du pur Swervedriver, et un truc qui essaie d’ouvrir vers l’avenir – des sons et des influences qu’on n’avait pas sur les premiers albums. De la même façon que Mezcal Head devait donner suite à Raise, cet album devait s’inscrire dans la continuité de notre discographie.
En 2007, Jimmy t’a appelé pour parler de la reformation de Swerdriver. Tu avais fondé Toshack Highway, Magnetic Morning et Bolts of Melody, tu t’es donc tenu occupé après la fin du groupe. À quel point est-ce qu’il a du insister pour te convaincre ?
Pas tant que ça. Je pense que l’idée était en gestation. Ça faisait neuf ans qu’on avait pas sorti d’album. Mais de temps en temps, j’entendais un morceau dans un bar, à New York, et je me disais « Merde, ça sonne vraiment bien. J’avais oublié comme ce morceau est bon. C’est vraiment con que je ne sois plus jamais amené à le jouer. » Jimmy était en contact avec Jez et Steve, et il m’a appelé en disant « Je crois que les gens sont chauds pour recommencer. » Et j’ai dit « Pourquoi pas ? » Ça s’est passé un très étrange jour de septembre 2007. Je me suis fait larguer par téléphone, et quelques heures après, je recevais cet appel de Jimmy pour me demander si j’étais partant pour reprendre Swervedriver. Une porte se ferme, une autre s’ouvre…
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