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Le changement climatique est une aubaine pour les archéologues

Sans la hausse des températures moyennes que connait la planète, les archéologues des milieux glaciaires seraient au chômage.
Une lance trouvée dans les glaces du Yukon. Photo : Gouvernement du Yukon

Le changement climatique est l'un des problèmes les plus épineux auxquels l'humanité aura eu à faire face. Mais pour quelques archéologues, c'est une bénédiction.

« Les archéologues des milieux glaciaires ont une private joke récurrente qui consiste à dire qu'ils seront les seuls et heureux bénéficiaires du changement climatique, » explique Lars Holger Pilo, un archéologue norvégien. « Si la glace ne fondait pas à cause de la hausse des températures, nous serions au chômage. »

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La décennie précédant a été la plus chaude que l'on ait enregistrée jusque-là. Tout autour du globe, des calottes de glace qui étaient en place depuis des milliers d'années fondent à une vitesse extraordinaire, révélant des artefacts vieux, eux aussi, de plusieurs milliers d'années.

Pilo est l'un des nombreux archéologues qui parcourt le monde dans le but de récolter les fruits de la fonte des glaces.

« La glace immobile agit comme une espèce de congélateur préhistorique géant, » explique-t-il. « Quand nous avons de la chance et que les artefacts sont dégagés à l'air libre pour la première fois, ils sont en parfait état. On a l'impression qu'ils ont été perdus par leur propriétaire la veille au soir. »

Les calottes de glace se forme dans les parties du monde où la neige tombe durant l'hiver mais ne fond pas durant l'été. Petit à petit, la glace s'accumule. Avec les années, elle devient extrêmement épaisse, piégeant tout objet qui se trouverait en surface. Il faut attendre que la glace fonde pour pouvoir les récupérer. Les archéologues ont, de cette façon, récupéré des objets vieux de près de 9000 ans.

Une langue glaciaire dans le Yukon. Photo : Gouvernement du Yukon

Même si les archéologues trouvent des artefacts et des restes humains de cette façon depuis la fin du 20e siècle, dont la célèbre « momie Ötzi, » la hausse récente des températures moyennes et le raffinement des connaissances archéologiques a submergé le champ de recherche d'une nouvelle vague d'enthousiasme.

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Selon Pilo et d'autres archéologues, des milliers d'artefacts ont été extraits du sol grâce à la fonte des glaces depuis les années 90. On a découvert à cette occasion des reliques viking en Norvège, des restes humains dans les Andes, des armes anciennes dans le Yukon et dans d'autres parties du territoire canadien.

« D'un point de vue archéologique, cette région était considérée comme un trou paumé, » explique Greg Hare, un archéologue qui travaille pour l'État du Yukon. Depuis vingt ans, il trouve des artefacts inestimables sur un territoire de la taille de la Suisse. « Vu le récent succès des fouilles, elle est maintenant perçu comme une région très rock'n'roll. On n'avait jamais trouvé d'objets anciens aussi bien préservés auparavant. »

En effet, les régions subarctiques n'attiraient pas beaucoup les archéologues jusque-là. Les civilisations qui vivaient là étaient principalement des chasseurs-cueilleurs qui ont laissé peu d'objets derrière eux. Des objets peu résistants à l'érosion qui plus est. Pourtant, la glace a créé un environnement parfait pour la préservation de matériaux organiques qui auraient été détruits si exposés aux éléments.

Artefacts découverts dans le Yukon. Photo : Gouvernement du Yukon

Hare, par exemple, a récupéré des flèches ornées de plumes et attaché avec des tendons d'animaux ; elles ont même conservé une partie de leur couleur d'origine.

Ces artefacts sont fascinants à regarder, mais ils peuvent également nous fournir des informations essentielles sur la vie de ces peuples anciens après datation au carbone 14 et tests ADN.

Selon Hare, il y avait seulement six personnes au Symposium international d'archéologie des milieux glaciaires en 2008. En 2012, des experts en provenance de 13 pays différents y ont donné 36 présentations. Cette année, ils seront 55.

« C'est un privilège de participer à un champ de recherche comme celui-ci, » ajoute Hare. « Ce n'est pas tous les jours que l'archéologie connaît une petite révolution. »