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Clic ! Pow ! 2 Bal 2 Neg’ reviennent sur scène


G-Kill, Eben et Doc TMC en 2016 (Photos – Melchior Tersen)

En 1996, l’underground hip-hop français est en ébullition. Radio Nova diffuse encore le Cut Killer Show et le Deenastyle, et Skyrock vient de découvrir le rap. Au milieu d’une production discographique qui connaît une sérieuse accélération, une alliance de MC’s et de beatmakers va participer à hausser le niveau de jeu. Les 2 Bal Niggets (Doc TMC et G-Kill, et un troisième membre nommé Krokmiten, tous issus du crew Ménage A3) vont s’associer à un autre groupe, les 2 Neg’ (Eben, Niro et un troisième membre nommé Kick-Low) avec un objectif clair et précis : tout exploser. Une puissance de frappe qui se retrouve aussi dans la conception musicale, avec d’un côté Tefa et Masta qui forment le duo Kilomaître, et de l’autre les DJ’s White et Spirit. Leur premier et unique album, 3x plus efficace, se démarque par son énergie brute et hardcore, reflétant ses conditions d’enregistrement et la vie de ses protagonistes à l’époque. 20 ans après, on est allés rencontrer Eben et les deux jumeaux (G-Kill et Doc TMC), alors qu’ils préparent une série de concerts célébrant cet anniversaire (Lyon, Paris et Bruxelles).

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Noisey : Qu’est-ce que ça fait de se retrouver pour cette série de concerts, 20 ans après ? Comment est née l’idée ?
Doc TMC
: Ca fait quelques années qu’on pensait faire les 20 ans de 3x plus efficace. On voulait déjà fêter les 20 ans du groupe, parce que 3x plus efficace est sorti en 96, mais il a germé bien avant. Avec les 2 Neg’ on écumait plusieurs scènes underground, urbaines, banlieusardes. Et on devait tous se retrouver dans une compilation qui devait faire date, la compilation de Moda et Dan, Dan de Ticaret. Après Rapattitude, ça devait être l’autre compilation qui reflétait l’underground hip-hop français. Masta bossait avec nous, les 2 Bal, et puis on a découvert White et Spirit, des mecs du 77 comme nous, ils étaient de Meaux, nous on était de Chelles. Et vu qu’on bossait avec tout le monde, on s’est dit : « pourquoi ne pas faire un double album ? » Pour ces concerts, l’idée est venue de nous, les rappeurs, les 2 Bal, Eben qui est en France et Niro aux Etats-Unis. Dès que nous quatre avons été d’accord, on s’est dit qu’on allait fêter dignement les 20 ans du 3x plus efficace.

G-Kill : Nous les 2 Bal, on avait déjà un peu tourné avec nos deux dernies projets (Mapassa en 2007 et 2 Bal 2+ en 2012). Après, on ne pouvait évidemment pas faire 3x plus efficace sans les 2 Neg’.

Eben : Il y a à peu près quatre ans, j’ai revu Doc, et ils m’ont invité pour la première partie d’Ice Cube. On parlait déjà de faire les 20 ans, et on se disait : « là c’est les 15 ans, on le fait pas, viens, on patiente jusqu’à 20 ». Et on s’était donné une petite parole pour le faire.

Doc TMC : En 2011, au Bataclan, Ice Cube était venu avec W.C., et on était en première partie avec Ärsenik. En guest, on avait ramené Eben, et c’était la folie. Eben, je pense que ce jour-là il s’est dit « merde ! »

Eben : C’est pas vraiment ce jour-là que j’ai réalisé, mais plutôt au concert Retour aux sources en 2009. Ils m’avaient appelé en me demandant ce que je faisais, moi je te cache pas que j’étais un peu en perdition, suite à un décès dans ma famille, j’avais pas la tête à revenir dans le rap. Je composais beaucoup, et un jour ils m’ont appelé pour me dire « viens », et j’ai dit « pourquoi pas, quel morceau on fait ? » Ils m’ont dit « La Magie du tiroir », je suis monté sur scène, et c’est là où j’ai ressenti l’attrait du public.

T’as pris conscience d’un truc à ce moment-là ?
Eben
: J’ai pris conscience qu’ils m’avaient pas oublié, c’est déjà le plus important. Et après, l’essentiel, si je remonte sur scène pour faire un morceau avec eux, c’est de ressentir la vibe et aussi : est-ce que ça va marcher avec le public, est-ce que ça va être comme à l’époque ? Et en fait, on a retrouvé les codes entre nous, ils n’avaient pas disparu, et ça s’est super bien passé. On l’a fait deux trois fois, et ça nous a fait plaisir de ressentir cette énergie.

J’aimerais que vous me parliez de cette vidéo :

G-Kill : Là on était en retard, on traverse la foule. On était en train de pavaner sur les quais, avec les chiens et tout.

Doc TMC : Ça c’est la première partie d’IAM en 97 aux Francofolies. Et en plus c’est leur plus gros album, L’école du micro d’argent, la scène ne peut qu’être magnifique. Je pense que plus jamais les Francos auront des concerts comme ceux-là, car y avait carrément des scènes dédiées au hip-hop.

Doc TMC : Grand respect à Ambre Foulquier qui a inventé Hip-Hop Folies, et à son père, Jean-Louis, paix à son âme. C’est réellement le festival des indépendants, des débrouillards. Jean-Louis Foulquier quand il a fait ce festival, il était proche des grands artistes comme Berger, il ne passait pas par les managers.

Vous aviez une relation particulière avec lui ? Il apparaissait dans votre clip « Comme y a 10 piges », en 2007.
Doc TMC
: Oui, parce que Ambre nous a managés pendant 10-15 ans. Elle s’occupait de nous, on travaillait à distance, à la base c’était une copine de Tefa. Après, elle est devenue notre manager. 2 Bal 2 Neg’ c’est un groupe de scène, et en 96 aux Hip-Hop Folies, c’est le démarrage, l’année qui suit on tape tous les festivals. Quand on revient l’été d’après, c’est une petite consécration, y a quand même 15 000 personnes là-dedans. Ca a été l’un de nos plus gros concerts.

Eben : Dour aussi, le Québec.

G-Kill : Le plus gros c’était à Nyon, en Suisse. On était avant Shaggy, et à côté y avait Sinead O’Connor, c’était que des gros chapiteaux, c’était immense.

Votre quotidien aujourd’hui, il est fait de quoi ?
Eben
: D’amour et d’eau fraîche.

Doc TMC : De RSA et de prison [rires]. Non je rigole. 20 ans plus tard on a des gosses, on est pères de famille, on a 20 ans d’expérience de plus. On reste artistes, donc on a toujours un rapport avec la musique.

Eben : Même Niro.

Doc TMC : Y’a personne qui est rentré dans le rang, du lundi au vendredi de 9h à 18h, au grand dam de nos femmes et de nos enfants. On a toujours gardé ce côté indépendant, mais c’est surtout pour contrôler nos affaires. Aujourd’hui, chacun a monté sa petite boîte, chacun est producteur.

Donc dans la musique ?
Eben : Oui, dans la musique ou dans l’image.

Niro est réalisateur de clip, c’est ça ?
Eben
: Clips et images.

G-Kill : Il a sa websérie, il a commencé en filmant pendant des années l’émission de Tony Touch, du Rocksteady Crew. C’est comme ça qu’il a commencé, et de là Tony Touch lui a donné des plans. Et après, au fur et à mesure, il a fait des clips pour Tiwony, puis pour d’autres artistes.

Eben : Moi j’ai fait des scénarios de film. J’ai écrit Gomez versus Tavarès, j’ai fait toute la musique dedans. Et j’ai écrit le deuxième, Gomez et Dubois. J’ai bossé aussi avec une grosse marque de champagne à l’internationale, dernièrement. Et là j’ai bossé pour une série sur Arte, qui va sortir l’année prochaine. On est tous restés dans l’image, dans l’artistique. Notre DJ, Noise, il a tourné avec tous les rappeurs les plus cotés. DJ Masta avec Kilomaître, il a fait Diam’s, Sinik.

Doc TMC : On a toujours ce rapport social. Même G-Kill, il est entraîneur dans le club de foot de sa ville. Qu’on le veuille ou non, on est quand même des figures. Les parents nous connaissent, on instaure une certaine confiance, et on bosse aussi un peu dans le social.

Eben : Y’a eu des hauts et des bas, aussi.

G-Kill : Effectivement on est des artistes, mais surtout, à cette époque-là, on est rentré dans la musique un peu jeunes, donc on a très vite pris les grandes voies.

Vous aviez quel âge au moment de l’enregistrement de 3x plus efficace ?
G-Kill
: Là on a 38 ans, à l’époque on avait 16, 17 ans. Eben est notre doyen.

Ça a posé un problème à l’époque votre âge ?
Doc TMC
: Un peu quand même, on était scolarisés, on enregistrait que la nuit parce qu’on ne payait pas. Donc comment expliquer ça à nos parents ?

Cet album a été enregistré dans plusieurs studios, c’est ça ?
Doc TMC
: Regarde bien, on a un morceau qui s’appelle « Dingue », qui date de 1995 ou 1994. L’album est sorti en 96, mais il y a des textes dedans qu’Eben rappait déjà sur Radio Nova en 88, 90. C’est des morceaux qu’on a parfois écrits quand on avait 14 ans

Eben : Au premier concert que j’ai organisé à Villejuif, c’est la première fois que je les ai vus, ils s’appelaient BB Mc à l’époque. Je les ai invités, et ils sont montés sur scène, c’était en 1989.

G-Kill : On a commencé à 11 ans.

Eben : Moi j’ai commencé à rapper à Radio Nova en 85, dans l’émission de Lionel D et Dee Nasty.

Lionel D, qui a inspiré le fameux interlude « Old School Shit ».
Eben : C’était un clin d’oeil. Quand je faisais Radio Nova, j’étais beaucoup avec Clan Actuel, et la première fois que Clan Actuel est arrivé, c’était avec M’Widi et tout ça, M’Widi avait posé son frites-merguez, et Lionel D il commence à taper une impro [il rappe comme dans l’interlude] : « et retire ton frites merguez ! » Et donc Niro l’a repris. Dee Nasty, les scratchs qu’il faisait, c’était un peu grossier, mais c’était bien fait pour l’époque. Et Lionel D, il faisait toujours la même impro [il rappe] « clair et net, ce rap se veut clair et net ! »

Doc TMC : C’était un hommage. 2 Bal 2 Neg’ c’ets un groupe très particulier, parce que les 2 Bal c’étaient les plus jeunes, et tout le reste les plus anciens, sauf Niro.

Eben : On parle beaucoup de l’époque Radio Nova, d’accord. On a beaucoup gardé les classiques, mais faut pas oublier que ml’émission avait lieu tous les dimanches, et des fois t’avais des merdes atomiques. Dee Nasty l’avait mal pris, je lui avais expliqué que c’était plus un clin d’œil qu’une méchanceté. J’ai moi-même rappé à Radio Nova, alors bon… et je vais te dire un truc que personne ne sait, c’est que la première fois que je suis arrivé à Radio Nova, à Bastille, j’étais assis à côté d’un mec, il me dit :
« – Tu viens faire quoi dans l’émission ?
– Ouais, je viens voir un pote à moi. (en mitonnant, comme tout le monde à l’époque)
– Ah ouais c’est qui ?
– C’est Lionel D.
– Ah ouais, il est où ?
– Bah c’est un Noir, il vient de Vitry. »
Alors que Lionel D, il était à côté, et c’était un gros blanc avec des cheveux à la rocker !

Doc TMC : C’est un quoi lui, il est typé non ?

Eben : C’est un Blanc.

G-Kill : C’est pas un Réunionnais ? Tout le monde croyait que c’était un renoi [rires].

Vous avez un peu le trac avant de revenir sur scène ?
G-Kill
: On n’a pas trop le trac, parce que ce qui est bien en fait, c’est qu’on a un bon concert avant, à Lyon, pour le festival L’Original. Là on ne fait pas la tournée, mais en général quand tu fais une grosse date parisienne, tu grattes toujours une ou deux bonnes dates avant, histoire de bien rôder ton truc. Les trois dates sont importantes mais Paris, tous les artistes te le diront, en France c’est le public le plus difficile. Donc quand t’arrives à faire sauter les Parisiens, le reste est fluide.

Eben : Après, en septembre/octobre, on part en tournée, et après on va avoir une très grosse date sur Paris.

Doc TMC : Un peu d’étranger, les festivals aussi.

Eben : Moi j’espère beaucoup aller au Canada.

G-Kill : Stratégiquement, on arrive un tout petit peu tard pour les programmations.

Eben : On a même reçu des lettres de programmateurs qui étaient dégoûtés qu’on soit arrivés si tard.

Ça fait chaud au coeur, j’imagine, et c’est motivant pour la suite.
Eben
: Oui, c’est motivant, mais c’est surtout que les gens n’ont pas oublié ce qu’on a fait. Tu sais ce qui est bien avec nous, c’est qu’on n’est pas dans une quête d’une gloire quelconque. On vit sur notre passif, et notre passif c’est un seul album, un seul clip. Et ça suffit. C’est pas une histoire d’internet là, si on est complet à La Bellevilloise. Les gens qui viennent, c’est les trentenaires, c’est les quadra, c’est leur enfance. Là t’es en train de toucher le côté affectif. Je connais beaucoup d’organisateurs sur Paris qui font des concerts à la Bellevilloise, la salle elle fait 500 ou 600, des fois ils ont que 100 préventes. Un mec comme Doc Gynéco il revient, il fait full. Les gens sont nostalgiques aussi des bons trucs. La musique a évolué dans un sens, mais elle a laissé beaucoup de gens sur le carreau. Y a beaucoup de gens qui ne sont plus rassasiés par ce qui sort. Moi j’ai rien contre, je valide même certains trucs, mais je veux dire par là, les gens, tu peux pas leur retirer leur enfance.

J’ai lu qu’après chaque concert, à l’époque, vous faisiez un débrief d’autocritique ?
Eben
: Oui, c’est vrai, à fond.

G-Kill : Ce qui était bien, c’est qu’il y avait les artistes, mais le staff il était énorme. Y avait un mec des lumières, l’ingé son, le régisseur Gangster, six artistes, plus Kick-Low en plus, Krokmiten en plus. Donc à la fin, ça faisait beaucoup d’avis. Et avec le temps, je pense que ce qui a marché avec cet album, c’est que dans notre bordel, on était super organisés et super structurés. Tout le monde était à sa place, et tout le monde se donnait à 100 % pour le faire.

Doc TMC : Ça partait du label déjà. Le label Crépuscule a vraiment suivi derrière, avec Marie Audigier, la directric, et y avait aussi le tourneur Warhead, qui était un tourneur rock, qui existe même plus. Ils faisaient tourner Matmatah, No One Is Innocent.

Eben : À chaque concert, on ressortait en sueur, mais on prenait le temps pour se dire les choses. Ça nous a fait élever à chaque fois la barre plus haut. J’ai fait un milliard de concerts de rap français, mais ça m’a jamais fait bander comme moi j’ai bandé sur mes propres concerts. Bien sûr, chez NTM j’ai toujours ressenti cette énergie-là, c’était un très bon duo. Mais nous on était une troupe, c’était un show.

Doc TMC : On a fait des disques, mais nous à la base c’est la scène qu’on a toujours aimée.

Eben : Je rajouterais qu’on a aussi voulu faire un truc intimiste, pour le coup. On aurait pu prendre une grande salle tout de suite, on l’aurait peut-être remplie, je sais pas, mais on a voulu faire un truc intimiste, en se disant « on va faire le show, et après on va rester avec les gens ». Et ceux qui ont kiffé viendront nous voir, on sera avec eux. Et les DJs vont passer des sons.

Doc TMC : On va rester avec le public, on va pas se barrer, on va boire le champagne, c’est un anniversaire. Et partout où on va aller, on fera la même chose.

Vous parlez de quelque chose d’assez structuré, alors que les conditions d’enregistrement de l’album ont eu l’air d’être un peu compliquées. Je crois que vous aviez même volé des bandes à l’époque…
G-Kill
: C’est bien que tu parles de ça aussi. On est arrivés à une période où les maisons de disques s’intéressaient au rap. C’est-à-dire qu’elles commençaient à signer des groupes, et y en a dont on se disait que c’était de la rigolade par rapport à ce dont on était capable. On a démarché les labels, on a déposé nos démos, mais on n’a pas signé. On aurait rencontré un mec assez intelligent comme De Buretel [rires], qui s’intéresse à l’urbain, on aurait signé. Puis Jean-François Richet qui venait de signer avec une boîte de prod pour sortir son film, leur parle de notre projet. Eux ise disent : « pourquoi on ne ferait pas un peu de musique aussi ? », et c’est comme ça que Crépuscule décident de prendre l’album. Tu vois, c’était de fil en aiguille. Et nous, notre morceau « La Magie du tiroir », c’est parce que les mecs prennent les démos, et ils les mettent dans les tiroirs, et c’est ce qu’ils font encore en 2016.

Eben, tu peux me parler de cette rivalité assez forte avec Busta Flex à l’époque ?
Eben
: À l’époque, je me considérais comme très fort.

Doc TMC : Non, t’étais fort.

Eben : Merci. Ce qui est bizarre, c’est que j’ai vu Busta Flex à son studio qu’il a maintenant. Et il m’a dit « tu sais quoi Eben ? Le jour où j’ai compris que t’étais vraiment lourd, c’était à l’émission de Radio Nova qu’on avait faite ensemble. C’est ce jour-là où j’ai pris conscience que t’étais plus fort que moi ». Après, on a eu des compètes, parfois l’un était plus fort, parfois l’autre.

Doc TMC : Nous on était ce qu’on appelait des zulus, y avait toutes les disciplines, t’avais Spirit au niveau deejaying, il avait déjà remporté des prix. Spirit était un DJ reconnu, Masta lui c’était plutôt une figure de l’ombre, c’était quand même un mec qui a connu dans la rue l’époque des bandes, un Blanc en plus, qui a su faire sa place. Eben c’était un old-timer, on l’écoutait à la radio quand on avait 10 ans, et après on s’est retrouvés en concert avec lui, bim. Notre génération, et j’en parlais y’a pas longtemps avec Kery James, vu qu’n rappait au même âge, à 14 ans, on se croisait dans des ambiances type un anniversaire dans le 91 où un mec se prend sept coups de couteau, tu vois ce que je veux dire ? On était des mecs de la rue, on se voyait dans des concerts, dans des après-midis dansants.

2 Bal 2 Neg à l’époque

La notion de posse était importante ?
Doc TMC
: Exactement. 2 Bal 2 Neg’, avec tous nos contacts, on représentait toute l’Ile-de-France. Quand je relis les dédicaces, je suis étonné, on dédicaçait des mecs dans le 91, dans le 93, le 95, des mecs vraiment actifs, des gens qui ont aujourd’hui encore ont des postes. On a créé un mouvement. On était très proches d’ATK. On traînait beaucoup à La Fourche, dans le 18ème, t’avais aussi Solaar qui était là, c’était vraiment un vivier de rap.

Et votre regard sur l’évolution du hip-hop ?
Doc TMC
: Faut juste ne pas faire d’analogie entre le hip-hop français et celui en Amérique. À l’échelle française, il y a beaucoup de choses intéressantes, le point positif, c’est qu’il y a des gens qui rentrent dans le business, en l’ayant compris. Des fois il y a moins de passion, mais il y a des choses qui font qu’ils durent. Et de l’autre côté, il y a aussi eu cette fracture entre l’ancienne génération et la nouvelle, ce qui fait qu’il n’y a pas eu de passage de relais, et à partir de là, ça fait un mouvement qui est un peu parti en couille, au niveau du contenu. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que celui qui vend est le meilleur. Or, à l’époque, les mecs qui vendaient des disques, ils faisaient l’unanimité. Elle est là la différence dans le rap.


2 Bal 2 Neg sera en concert à Lyon le 29 mai (Le Transbordeur) et à Paris le 2 juin (La Bellevilloise).

Etienne Anthem est sur Twitter.