Crime

Descente anti-homosexuels au Caire devant des caméras de télévision

Les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté 33 hommes sous le chef d’inculpation de « débauche » dans des bains cairotes lors d’un raid filmé par une chaîne de télévision pro-gouvernementale.

La rafle a eu lieu dimanche soir dans le quartier de Ramsès. Le propriétaire des lieux figure parmi les hommes interpellés d’après l’AFP, qui cite le responsable du parquet local selon qui le propriétaire est accusé de « transformer le lieu en un endroit pour des conduites immorales, indécentes et homosexuelles. » Tous les détenus, s’ils sont jugés coupables, encourent des peines de prison.

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Il n’y a pas de loi qui interdit formellement l’homosexualité en Égypte, mais la population LGBT du pays est harcelée et arrêtée sous divers prétextes, dont la « débauche » et la « prostitution ».

Le raid a été filmé par une équipe de Al-Mostakhbai, (qui veut dire « Ce que l’on nous cache »), une émission de télévision qui a comme principe l’infiltration. La séquence sera diffusée cette semaine dans ce qui est présenté comme un « épisode spécial sur l’homosexualité » qui promet de « montrer l’invisible ».

La présentatrice Mona Iraqi a diffusé des photos sur sa page Facebook officielle montrant des policiers en civil sortant un groupe d’hommes nus et recroquevillés hors du bâtiment. « Les caméras d’Al-Mostakhbai ont filmé l’enquête pour révéler la déviance collective et enregistrer les confessions des propriétaires de ce repaire, » écrit-elle dans un texte accompagnant les photos. Les photos semblent avoir été supprimées depuis. 

Des photos du raid sur le compte Facebook de la présentatrice Mona Iraqi qui ont depuis été supprimées. 

Mona Iraqi a par la suite, tenté de défendre l’émission en disant qu’elle avait pour objectif de sensibiliser sur le sida en Égypte, et était programmée à l’origine pour la journée mondiale de lutte contre le sida, mais qu’elle avait été reportée. Elle décrit le hammam comme étant « un repaire de propagation du sida en Égypte ».

C’est la première arrestation de cette envergure depuis 2001, quand 52 hommes avaient été arrêtés dans une boîte de nuit du Caire. Néanmoins, de tels raids se sont multipliés depuis que les militaires ont renversé le président islamiste démocratiquement élu Mohamed Morsi en juin 2013. Des responsables politiques ont depuis dépeint la période qui a suivi la révolution de 2011 – qui a renversé le dictateur Hosni Mubara – comme le début d’un déclin moral. En octobre 2013, 14 hommes ont été arrêtés dans un bain public du même genre pour avoir été surpris « en plein acte homosexuel ».

Huit hommes ont été emprisonnés en novembre pour « incitation à la débauche » après la vidéo d’un prétendu mariage gay sur un bateau sur le Nil, qui avait beaucoup circulé sur les réseaux sociaux. Ils ont ensuite subi des « examens anaux » d’après l’ONG Human Rights Watch (HRW). C’est une pratique couramment utilisée par les autorités égyptiennes dans ce type de cas. Un porte-parole du ministère de la Santé a déclaré le 8 septembre que la conclusion de ces examens était que les hommes « n’étaient pas homosexuels, » rapporte HRW. Ils ont quand même été emprisonnés.

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