Emos contre Punks

 

INTERVIEW : NIKI NAKAZAWA, PHOTOS: MAURICIO GARCÍA

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La légende raconte que tout a commencé lorsque l’émission Telehit sur MTV a diffusé un épisode intitulé : « C’est quoi un emo ? » Kristoff, le présentateur, a osé dire que les emos n’étaient que « des gosses qui commencent tout juste à avoir des poils » et qu’ils « aiment un groupe seulement s’ils trouvent que le chanteur est mignon. » Ces remarques, plutôt soft et parfaitement justes, ont déclenché une véritable guerre. Peu de temps après, les gosses de Mexico ont organisé une baston emos VS punks devant le Glorieta de Insurgentes, un des terrains de jeux des emos à Mexico.


 

 




 

Le jour J, près de 200 gamins se sont pointés, entourés par autant de flics. Les emos se sont mis d’un côté et ont crié des trucs super intelligents du genre « emos, emos, emos ! » et les soi-disant « punks » (qui avaient plutôt l’air de danseurs dans un clip de Billy Idol) se sont alignés de l’autre côté pour pouvoir crier : « à mort les emos ! » Puis, les emos ont répondu : « connards ! » et les punks ont crié : « enculés ! » et après ils se sont jetés des bouteilles en plastique, se sont fait mutuellement des doigts et ont gentiment répondu aux questions des journalistes. Ça a duré deux heures, jusqu’à ce qu’un groupe de pacifistes, qui se baladait justement par là, les disperse avec des chansons sur la paix et de belles mélodies au tambour.

 






 

Mais il y a pire. Au début je trouvais ça marrant, mais je me suis rendu compte de la gravité de la situation quand j’ai appris qu’il s’était créé des comités de tolérance pour emos et punks. Les médias se sont excités devant cette « guerre urbaine » et maintenant tu peux voir des mecs avec les cheveux lissés, qui d’habitude dansent sur du Avril Lavigne devant leurs miroirs, raconter leurs tristes vies en conférence de presse. Apparemment, en plus d’être victimes de discrimination, ils dirigent un mouvement anti-fasciste… Putain ! On a toujours su que les punks racontaient que de la merde quand ils s’attaquaient à la politique, mais là c’en est trop… J’en ai rien à foutre d’un gamin de 14 ans qui se bat pour pouvoir porter du mascara et parler de ses tendances suicidaires !

 


 

 

Les blogs pro et anti-emos relèvent d’une sous-culture très particulière, identifiable grâce à ses hiéroglyphes illisibles. Eux aussi témoignent de l’affrontement sans relâche entre ces deux sous-cultures minables. Des gamins au nom de Kristoffemokiller et harrypotterpunk infiltrent les blogs d’emos pour leur dire qu’ils ne font que copier les punks et puis que de toute façon, s’ils sont vraiment si déprimés, ils devraient tous se suicider vite fait bien fait… Et puis t’as aussi les blogueurs genre ++AnGElhEart++ et NoTeXistlOvE qui préfèrent parler de tolérance et appellent les autres des « haters à la puissance infinie ».



 

Mais le plus relou, c’est pas que les gamins se traitent mutuellement de fachos, c’est plutôt que les médias en profitent pour nous rappeler les graves dangers du sexe, de la drogue et du rock’n’roll. Les psys sont en surkiff. Ils se sentent super importants, tout d’un coup. Ils peuvent déballer toutes leurs conneries sur le suicide chez les ados en donnant des vieilles leçons à deux balles à leurs parents apeurés, bien contents que leurs enfants ne soient pas comme ces petits sauvages. Bref, tout ce petit monde se force à donner du sens au « débat emo » qui, en fait, est COMPLÈTEMENT SANS INTÉRÊT. Les punks et les emos ne sont que des gamins qui se la pètent, qu’ils aillent tous bouffer un taco et qu’ils se taisent à jamais.