Crime

Pour eux sonne le glas

La foule est grande ce dimanche soir sur le parvis de Notre-Dame de Paris, et ce malgré les interdictions de rassemblements et de manifestations publiques dans les rues de la capitale française, moins de 48 heures après les attaques de vendredi qui ont fait au moins 129 morts, selon un dernier bilan encore provisoire.

Ils sont des centaines à leur rendre hommage, peut-être plus d’un millier, alors que le glas, la sonnerie de cloche qui annonce les morts et les obsèques, résonne dans le ciel noir. 

Videos by VICE

(Photo par Etienne Rouillon/VICE News)

“Le lendemain de l’attaque, j’avais tellement peur, je ne voulais pas partir de chez moi. Mais ce soir, je savais qu’il était temps de sortir et d’avoir du courage,” nous dit Patrick, un libanais de 25 ans, étudiant à Paris. “J’espère devenir un citoyen français un jour. Ces attaques sont pires que ce que l’on peut imaginer. Venir ici en signe de deuil ce soir, c’est pour moi un moyen d’appréhender ce qu’il s’est passé.”

Pour Natasha, une parisienne qui était dans l’église pour la cérémonie, c’était là le premier véritable moment où elle a pu pleurer et faire le deuil. “Je suis venue pour libérer la terreur et l’horreur qui m’ont habitée ces derniers jours. Nous devons être ensemble dans cette épreuve.” 

(Photo par Etienne Rouillon/VICE News)

Il y a de très nombreux lieux de mémoire qui se sont improvisés partout dans la ville. Les gens continuent d’allumer les bougies, de déposer des fleurs et des messages d’espoir et de colère. La base du monument central Place de la République est, comme il y a plusieurs mois, un lieu de recueillement ce dimanche soir. 

Mais la veillée de Notre-Dame est semble-t-il le plus large rassemblement depuis les attaques. La sécurité est très importante, police et militaires patrouillent sur le terrain, ils gardent les accès au parvis alors que la cloche continue de sonner au-dessus d’une foule unie dans le silence.

(Photo par Etienne Rouillon/VICE News) 

Pour de nombreux parisiens, l’atmosphère n’est pas la même qu’au lendemain des attaques du mois de janvier. L’atmosphère est plus tendue que lors de la grande marche qui avait vu des millions de Français descendre dans la rue. 

Cette fois, le moindre début de rumeur partagé sur les réseaux sociaux engage un effet boule de neige qui déclenche des mouvements de panique. Au moment où les gens se réunissent devant l’église, le portrait d’un suspect recherché est diffusé par les médias.

(Photo par Etienne Rouillon/VICE News)

Ainsi, pendant la cérémonie à Notre-Dame, des rumeurs d’explosions ou de tirs près de la station de métro Saint Paul commencent à circuler. La police bloque des accès, alors qu’une clameur d’effroi se fait brièvement entendre sur le parvis. Des gens quittent les lieux rapidement, mais sans courir.

Des scènes similaires sont rapportées avec des mouvements de panique au Petit Cambodge ou sur la place de la République. Arrivé à Saint Paul quelques minutes plus tard, un journaliste de VICE News recueille le témoignage de plusieurs personnes qui lui confirment les bruits, mais ils parlent de pétards. Fausse alerte, la police et l’armée reprennent ses patrouilles dans le quartier du Marais. 

(Photo par Etienne Rouillon/VICE News)

Suivez Rachel Browne sur Twitter: @rp_browne