10 questions bêtes que vous avez toujours voulu poser à des vrais jumeaux

Cet article a été initialement publié sur VICE Italie

S'il y a bien une chose sur laquelle nous pouvons tous nous accorder, c'est sur le fait que l'expression « Aucun homme n'est une île » est un mensonge éhonté – nous sommes tous essentiellement seuls et misérables sur cette planète. Il existe néanmoins une exception à cette règle : les vrais jumeaux, qui partagent souvent de nombreuses choses en plus de leur apparence physique. Désireux d'en savoir plus, j'ai contacté mes amis Marco et Giulio – des jumeaux monozygotes de 27 ans que je connais depuis des années, sans parvenir à les différencier pour autant. J'ai profité de cette occasion pour leur poser les questions qui me taraudaient le plus. VICE : Qu'est-ce que ça fait de vivre avec une personne au physique similaire ?
Giulio : Il y a des côtés positifs et négatifs, c'est sûr, mais je dirais que le positif l'emporte. Quoiqu'il arrive, on ne se sent jamais vraiment seul. On ne s'ennuie jamais et on a toujours un complice, un pote.
Marco : Oui, on peut toujours compter l'un sur l'autre. On a plus ou moins vécu les mêmes expériences, et nos parents nous ont toujours laissé beaucoup de liberté – on pouvait voyager à l'étranger en parfaite autonomie, par exemple. Malheureusement, notre petit frère n'a pas eu le droit de faire les mêmes choses que nous tout seul. Vous avez des goûts identiques, aussi ?
Giulio : Je doute que cela ait un rapport avec le fait que nous soyons jumeaux, mais nous avons exactement les mêmes goûts en matière de nourriture. Mais pour ce qui est du reste, on est très différent. Je vois beaucoup de jumeaux s'habiller de manière similaire – pourquoi, d'après vous ? Ce ne serait pas plus simple d'avoir une coupe de cheveux et un style bien distincts pour qu'on puisse vous différencier ?
Marco : Comme pour n'importe quel enfant, ce type de décisions n'était pas de notre ressort. En gros, nos parents nous achetaient toujours les mêmes habits, mais avec des couleurs différentes – bleu pour Giulio, rouge pour moi. Par la suite, vu qu'on a grandi dans le même cercle d'amis, c'est plutôt logique qu'on ait des habits et un style de vie similaires. On ne s'est jamais efforcé d'avoir l'air différent. On va chez le même coiffeur, et ça se voit forcément. Peut-être qu'au fil du temps, on prendra des chemins différents et susceptibles d'influencer notre style. Je ne sais pas trop.

Est-ce que vous profitez de votre ressemblance pour vous faire passer l'un pour l'autre ? Giulio : On l'a souvent fait au lycée. On était en pensionnat, et si l'un de nous était malade et que l'autre allait en cours sans avoir fait ses devoirs, ou sans avoir révisé pour un contrôle, celui qui était malade se prenait la sale note ! En général, personne ne nous différenciait à l'école ; une fois, Marco a même eu une moyenne meilleure que la mienne alors qu'il avait eu des mauvaises notes tout au long de l'année. Dans l'ensemble, nos bulletins scolaires étaient identiques. Les professeurs n'arrivaient jamais à savoir de qui ils parlaient, du coup ils nous mettaient les mêmes appréciations. Est-ce que vous arrivez à deviner à quoi pense l'autre ?
Giulio : On nous pose souvent cette question, et j'imagine que tu sais que la réponse est évidente. Ce n'est pas l'apanage des jumeaux : passer une bonne partie de son temps avec quelqu'un amène parfois à penser comme lui. On traverse les mêmes expériences au même stade de nos vies, ça me paraît donc logique qu'on devine comment l'autre peut réagir. Comment vous comportez-vous quand une personne éprouve de l'attirance pour vous, vu que vous avez la même apparence ? Vous avez déjà eu des soucis ?
Giulio : Disons qu'on a une sorte de stratégie. Si je sais que Marco est intéressé par une fille, je ne vais rien tenter. Mais c'est arrivé que je sorte avec une fille et que ça finisse mal – et elle est sortie avec Marco bien après.
Marco : On a parfois été confronté à des situations gênantes. Par exemple, je voyais une fille de ma fac depuis un petit moment. Un soir, Giulio – qui ne la connaissait pas et ignorait tout de notre relation – s'est retrouvé dans le même bar qu'elle. Elle s'est assise juste à côté de lui, dans l'espoir qu'il la remarque, et il aurait très bien pu lui faire des avances. Mais elle a vite remarqué qu'il n'était pas réactif – ce qui est normal, vu qu'il ne la connaissait pas.
Giulio : Le pire, c'est que si j'avais su qu'elle était attirée par moi, j'aurais tenté quelque chose. J'étais particulièrement bourré ce soir-là. Vous avez déjà couché avec la même fille ?
Marco : Oui, quand on était plus jeune. Il y a eu cette fille avec qui on est sorti tous les deux à différentes périodes ; à un moment, elle a commencé à voir Giulio régulièrement, et elle venait souvent dormir chez nous. À l'époque, on partageait une chambre, du coup on rapprochait les lits et on dormait tous ensemble, comme ça. Mais, comme ça arrive de temps à autre, je me rappelle qu'une nuit, elle a enlevé ses vêtements. En gros, les filles trouvent ça parfois excitant qu'on soit jumeaux.

Comment votre relation (qui, j'imagine, est assez exclusive) influence vos relations extérieures ?
Giulio : Quand l'un de nous se trouve une petite amie, par exemple, notre lien de parenté va influencer certaines situations : on est souvent ensemble et on bouge ensemble, alors on se tient toujours au courant de ce qu'on est en train de faire. Je pense que c'est parfaitement compréhensible, et ça nous a jamais posé problème.
Marco : Vu qu'on a toujours eu les mêmes amis, on a souvent tendance à être considéré comme une petite unité au sein de notre groupe de potes. Mais ça a changé quand on est allé dans des universités différentes.

Quelle a été la chose la plus gênante qui vous soit arrivée à cause de votre gémellité ?
Marco : C'était super bizarre quand on est allés en Chine tous les deux. Les gens nous arrêtaient dans la rue et nous faisaient porter leur bébé pour nous prendre en photo. Ils nous touchaient parce que c'était censé leur porter chance. Des gens s'agglutinaient autour de nous pour avoir leur photo.

Est-ce que ça vous arrive de penser à ce que la vie serait si l'autre n'était pas là, ou si vous aviez pris des chemins différents à un moment donné ?
Giulio : Non, je ne nous imagine pas vivre séparés. Ce qui est à lui est à moi, et vice-versa.
Marco : Complètement d'accord.