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C’est assez paradoxal car tu joues beaucoup, tu sors beaucoup de choses mais on te voit peu dans les médias, en France notamment. Tu as une explication ? De toute façon, tu joues toujours beaucoup ? Justement tu joues aussi pour des gros évènements techno.Tu te sens comment quand tu joues dans ce type de festivals ou soirées ou le public vient juste se démonter la tête alors que tu as une approche plus « cérébrale » que le clampin moyen… Tu vas faire ton premier live bientôt je crois, tu peux nous en parler ? Pas mal de gens pensent qu’il y a un côté un requin chez les artistes « techno » qui défendent leurs albums en dj set et attendent de voir si ça fonctionne assez pour se lancer dans un live (ce qui permet aussi de faire monter les enchères). Tu te places comment là dedans ? [ Rires ] L’évolution vers December semble assez marquée par la musique 90’s, on pense forcément à Pan Sonic, Alva Noto, Autechre des choses plus indus, noise aussi ….

December a été aussi pas mal marqué par la confrontation de la techno et de choses synth wave, coldwave du début des 80’s. Les ricains et les anglais ont ouvert cette voie et m’ont encouragé à faire cette synthèse. Il y a une grosse influence indus aussi, d’où peut-être le fait que tu entendes du Pan Sonic.
Sur « Berds », il y a un petit côté tribal, percussif qui m’a rappelé les travaux de Cut Hands par exemple (qui est très influencé par les musiques haitiennes et africaines). Tu partages un peu ça d’ailleurs avec Low Jack qui t’a remixé. C’est réfléchi ?
J’avais envie de faire un morceau techno ce que je ne fais jamais. Avec Tomas More, il y avait ce délire de lenteur, à 120 bpm avec un petit pied. Cette fois j’avais envie de faire un truc agressif. Je n’étais pas sûr de vouloir le sortir je le trouvais vulgaire. Les gars de Where to Now ? (le label qui édite « On A Leash») pensaient la même chose que moi d’ailleurs. Ils y ont trouvé un côté un peu hit et ont décidé de l’éditer en disque, et pas en K7 cette fois. Et puis je traîne tout le temps avec Phil/Low Jack et je me suis dit que ce serait assez parfait, il s’est bien éloigné du côté techno d’ailleurs. C’est mon morceau le plus bourrin et viril mais je trouve ça marrant.
Tu sembles un peu faire le chemin inverse de gens comme Pete Swanson ou Vatican Shadow par exemple qui viennent de la noise et se dirige vers la techno. Tu envisages d’aller vers quelque chose d’encore plus arythmique/ambient, quitte à perdre ton réseau de base ?
Oui carrément, mais je n’ai pas envie de le faire pour le faire : sortir « mon disque chelou ». Mais je préfère avoir des moments comme ça dans mes disques et trouver une sorte d’équilibre entre des choses bizarres et des choses plus dansantes.
Tu entretiens quel rapport avec ton image ? Tu as envie de disparaître derrière ta musique ou au contraire que les gens impriment un visage ?
J’aimerais qu’on écoute les disques avant de penser au projet même si c’est naïf. J’aimerais qu’on comprenne la constellation de références dans laquelle je puise et les univers dans lesquels je m’inscris.
J’ai pas envie non plus de complètement m’effacer, de ne plus parler de ma vie en interview. Dans le futur, j’aimerais bien développer aussi une approche qui ne se limite pas à la musique, le cinéma par exemple est très important pour moi. J’aimerais bien montrer une facette esthétique que j’avais délaissé avec Tomas More. Dans l’univers club, il y a des enjeux commerciaux mais moins des enjeux d’esthètes. On fait moins de choix. Dans la scène dans laquelle évolue December, on te demande des choix radicaux, des prises de positions esthétiques.
Les gens dont tu parlais, Smagghe ou Weatherall, ont un côté rocker dans cette relation à leur image, avec le côté uniforme de la moustache, les tatouages…
Ouais, ça je m’en fous un peu. Ça fait aussi un peu partie du problème. J’ai rien contre eux mais je ne fantasme pas le rock comme eux. Après cette nouvelle scène dont on parlait (LIES, Vatican Shadow, etc.) a aussi ses grandes panoplies, ses chapelles, ses dégaines. Ce que je veux surtout c’est qu’il y ait une cohérence esthétique entre toutes les sorties de December et que les gens pigent la démarche. Après, je ne vais pas jouer au mystérieux pour faire parler de moi…
Adrien Durand attend l’hiver bien tranquillement. Il est sur Twitter.
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