Terminal Cheesecake en 1990
Je me souviens très bien de la première fois où j’ai écouté Terminal Cheesecake, parce que c’est, techniquement, la seule fois où j’ai eu l’impression qu’une créature mi-homme mi-doberman était sortie des enceintes et s’était mis à lessiver la sol avec ma petite gueule. Pendant des années, Terminal Cheesecake a été -à égalité quasi-parfaite avec World Domination Enterprises– mon groupe préféré, celui dont j’écrivais le nom au Tippex sur mes fournitures scolaires, et dont je reproduisais le logo au marqueur sur des vieux t-shirts troués. Ils étaient plus méchants que Big Black, infiniment plus cools que Sonic Youth, tellement plus flippants que Dinosaur Jr, et les pochettes de leur disques défonçaient à 100 %.
Formé à Londres à la fin des années 80, Terminal Cheesecake a splitté en 1995 et s’est reformé, à la surprise générale, l’an dernier, pour une série de concerts qui, c’est assez rare pour être noté, n’avaient carrément pas l’air de faire pitié. À l’occasion de leur concert samedi au festival Sonic Protest, j’ai passé un coup de fil à Russell Smith, le guitariste du groupe, qui vit aujourd’hui en pleine campagne, près de Bordeaux, pour lui poser quelques questions sur la Toute-Puissance de Terminal Cheesecake, son passé au sein de MARRS et ses projets pour l’avenir.
Russell Smith :
Videos by VICE
Sur Angels In Pigtails, votre album suivant, votre son change complètement : le disque est beaucoup plus psychédélique, avec des influences garage, krautrock. V.C.L. Rires Angels In Pigtails C’est votre premier disque sur Pathological Records, le label de Kevin Martin [God, Ice, Techno Animal, The Bug]. Pourquoi avez-vous quitté Wiiija ? Pearlesque King Of The Jewmost, votre quatrième LP, est, là encore, totalement différent. C’est à mi-chemin entre du dub et du krautrock très radical. Au moment de sa sortie, en 1992, la scène noise de Camden était devenu un gros truc, et la techno s’était infiltré dans le mainstream avec The Orb, qui étaient numéro 1 des charts en Angleterre. Vous cherchiez à vous éloigner de tout ça ? Avec le recul, je crois que mes deux disques préférés de Terminal Cheesecake sont les deux derniers, le EP Gâteau d’Espace et l’album King Of All Spaceheads. Sur ces deux disques, vous abandonnez totalement les schémas et les conventions liées aux groupes rock et vous vous dirigez vers quelque chose d’assez unique. Ce n’est pas vraiment de l’électronique, pas vraiment du dub, pas non plus du punk ou de la noise. C’est vraiment un truc à vous. Gâteau d’Espace King Of All Spaceheads Mais le groupe s’est tout de même séparé peu de temps après. Tu as donc pu te consacrer à plein temps à Skullflower, avec qui tu jouais déjà en parallèle. Skullflower Rires Quand as-tu finalement décidé de reformer Terminal Cheesecake ? Rires Vous avez prévu d’enregistrer à nouveau ? Et vous allez rééditer vos disques précédents ? Moi, je m’en fous, je les ai à peu près tous, mais ils sont devenus assez difficiles à trouver et je suis sûr qu’il y a tout un nouveau public qui adorerait écouter ça. Terminal Cheesecake jouera ce samedi à La Parole Errante, à Montreuil, avec Spectrometers, Action Beat et The Rebel, dans le cadre du festival Sonic Protest. On a évidemment des places à vous faire gagner ici.
Lelo Jimmy Batista est le rédacteur en chef de Noisey France. Son job consiste à attendre patiemment devant ses enceintes le retour des créatures mi-homme mi-doberman. Il est sur Twitter – @lelojbatista