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Unwound ont changé des centaines de vies, de Vancouver à Varsovie



Quand Unwound rapplique, les punks à lunettes de plus de 35 ans ont tendance à hyperventiler. Car même si ces trois gamins de Tumwater, Washington, n’ont jamais été mentionnés sur le site web de leur ville, ils ont changé des centaines de vies, de Vancouver à Varsovie. Trois gamins dégingandés et crasseux, vêtus de t-shirts à l’effigie des groupes punk locaux tâchés de sirop pour la toux, qui ont passé la majeure partie des années 90 à traîner dans tout ce que le pays comptait de squats, à assembler leurs propres pochettes d’album avec des tubes de colle. Unwound était un groupe immense pour des milliers de kids trop vénères pour se présenter comme des fans de qui que ce soit… Sauf d’Unwound. Parce qu’ils étaient incroyables, sur disque comme sur scène. Parce qu’ils représentaient vraiment quelque chose. Parce qu’ils ont réussi à ne jamais se faire récupérer par le mainstream ou la diarrhée « alternative » du début 90. Nirvana ou Fugazi, vous étiez obligés de les partager avec un tas de connards. Mais Unwound était un culte privé. Se comporter comme un putain de snob ne vous permettra clairement pas d’affronter la vie, mais de temps en temps, les gens méritent d’avoir un petit secret.

En combinant la charge sonique des groupes de chez Gravity Records, l’énergie outrancière de ceux de chez Rawk et des textures de guitare rivalisant avec celles de Sonic Youth, Unwound est devenu un exemple pour, eh bien, pas assez de groupes, si vous voulez tout savoir. Pourtant, leur influence se ressent, que ce soit chez Modest Mouse, Merchandise, Raspberry Bulbs, chez un paquet de groupes britanniques actuels de punk et de post-punk underground, en même dans le black metal américain de ces dernières années. Aujourd’hui, le label Numero Group a finalement donné à Unwound le traitement de faveur que le groupe mérite. Après la sortie, l’an dernier, d’un best-of intitulé Kid Is Gone, le label lance aujourd’hui une anthologie en quatre volets. Le premier disque de la série, Rat Conspiracy, sortira le 18 mars. Il regroupe les albums Fake Train et New Plastic Ideas, ainsi que des sessions radio et une reprise tarée des Minutemen.

Justin Troper, le chanteur/guitariste d’Unwound, et la batteuse Sara Lund, m’ont accordé un instant pour répondre à quelques questions sur le groupe et ces rééditions.

Noisey : Qu’est-ce qui vous a poussé à sortir ces rééditions ?

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Justin Live Leaves Vous étiez un groupe qui, à l’image de Motörhead , réussissait à mettre d’accord les gamins du metal, du punk et de l’indie-rock. C’était dû à quoi, à votre avis ?
Justin
Sara vraiment On pourrait définir vos paroles comme anti-poétiques, basées sur des fragments de conversations, un style très utilisé à l’époque, constitué de mots courts et de phrases cryptiques. Que ça soit vous, Lync ou même Nirvana, on retrouvait ça chez quasiment tout le monde. Et même si votre musique a évolué, vous avez toujours gardé cette approche.
Justin :
Quelle influence pensez-vous avoir eu ? Vous avez le droit d’être arrogants, hein.
Justin
Sara En ce moment, il y a un retour du débat sur « ce que représente vraiment le Do It Yourself ». Qu’est-ce que signifie le DIY pour vous ? Est-ce que ça a encore une place dans votre vie ? Justin : Sara corporate
Vous avez fait quoi durant ces 12 dernières années ? Je sais, c’est une question emmerdante, parce que vous avez enchaîné un tas de projets différents, mais tout le monde n’en a pas forcément entendu parler. Justin Survival Knife Sara Hungry Ghost 77Boadrum 88Boadrum Thollem McDonus Secret Drum Band Lisa Schonberg La musique Unwound était tellement unique. Est-ce que vous pensez que ce groupe aurait pu exister aujourd’hui, à l’heure où tout est disponible sur internet ? Et est-ce qu’il y a de nouveaux groupes que vous appréciez particulièrement ?
Justin
Coloured Sands Night Exquisite Helms Alee Julia Holter

Sara : Se demander si la musique d’Unwound pourrait exister aujourd’hui, c’est comme se demander si le groupe que Justin, Vern et moi formions à 20 ans, pouvait toujours exister 20 ans plus tard. Et c’est impossible, parce que nous avons grandi et que nous vivons dans un monde différent. Mais il est toujours possible pour les musiciens de créer un espace de vérité et de passion, c’est certain. Même si aujourd’hui, tout le monde fait de la musique et qu’il est de plus en plus difficile de tirer son épingle du jeu. Et je n’ai plus autant d’énergie à dépenser dans cette quête. Alors j’attends simplement que quelque chose de bien me tombe dessus, sans passer des heures à chercher.
Ces temps-ci je suis plus dans un mood brut et thrashy, j’en ai relativement marre de tout ces trucs parfaitement exécutés et précieux. Cela dit, si c’est bon, c’est OK.
J’aime Ty Segall. J’aime aussi Helms Alee, qui sont fans d’Unwound, ce qui me rend assez fière. Je fais toujours attention à ce que Sam & Janet de Quasi sortent, ce sont deux personnes qui ont toujours su rester intègres. Le groupe de mon mari, Red Fang, est super. Leur musique est hyper sincère et j’aime bien voir les réactions qu’ils provoquent. J’aime aussi les concerts de Hornet Leg, ceux de Magic Mouth – qui viennent tous les deux de Portland.

Qu’est ce qu’il faudrait pour assister à une reformation de Unwound ?
Justin :
Des tonnes de cash. Tout a un prix… En fait, non, ça ne va pas arriver les mecs.
Sara : Il faudrait aller chercher des gens différents, qui vivent dans des réalités différentes.


Zachary est le tonton punk de Noisey. Il est sur Twitter @zacharylipez