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La bible de l’art radioactif

hernobyl, 2011. Toutes les images sont publiées avec l’aimable autorisation d’Ele Carpenter.

30 ans ont passé depuis la catastrophe de Tchernobyl, où une centrale nucléaire a laissé la ville de Pripyat, en Ukraine, en vaste tombeau radioactif. Ce désastre — et les autres, comme celui d’Hiroshima en 1945 ou de Fukushima en 2011 — a entraîné des messages d’avertissement sur les dangers du nucléaire, un peu partout à l’international. Il a également attiré l’attention et inspiré des artistes et militants. C’est sur ce point que s’attache un livre à venir : The Nuclear Culture Source Book, aux éditions Black Dog Publishing. L’ouvrage met en lumière différentes pratiques et esthétiques liées à la thématique du nucléaire, documentant des travaux sur des centrales nucléaires à travers le monde.

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Rassemblant plus de 60 artistes, allant du dessin à l’aquarelle en passant par la sculpture, The Nuclear Culture Source Book est le fruit de quatre ans de recherches par l’éditrice Ele Carpenter. « J’essaie de faire quelque chose de différent », dit Carpenter, qui organise également le Nuclear Culture Research Group, un collectif d’artistes et d’universitaires à Goldsmiths, à Londres. « Le nucléaire est une chose mystérieuse et présente dans nos espaces domestiques et dans nos paysages, plutôt qu’un concept éloigné. »

Image tirée de “The Nuclear Culture Source Book” : David Mabb, A Provisional Memorial to Nuclear Disarmament.

En 1951, des artistes milanais ont formé le groupe arte nucleare en réponse à l’utilisation d’armes atomiques. Mentionnant la menace d’une guerre nucléaire, des mouvements comme celui-ci ont démontré le changement inévitable de la géologie terrestre, qui sera marquée à jamais par les activités de l’Homme. Des développements scientifiques ont également alimenté une culture en évolution, où les artistes ont découvert de nouveaux matériels et thématiques, à l’image d’Yves Klein et sa lettre au président américain Eisenhower en 1958.

Aujourd’hui, avec 444 réacteurs sur Terre, les façons de penser ont évolué. « Les artistes ont maintenant une compréhension très différente de l’esthétique nucléaire », explique Carpenter à The Creatos Project. « Elle n’est plus seulement basée sur les modalités de la Guerre froide mais reflète une variété de réalisations conceptuelles, d’esthétiques et de sujets politiques. » Par différents médiums, des artistes comme Lisa AutogenaThe Otolith GroupTrevor PaglenTaryn SimonChim↑Pom, et bien d’autres, ont participé à ce projet, espérant toucher un large public, de la population aux réalisateurs en passant par les militants ou les législateurs.

Jetez un œil au documentaire de The Creators Project sur le projet d’art radioactif de Chim↑Pom, Don’t Follow the Wind, here :

Martin Howse, Uraninite 3 Day Exposure, mars 2016. Image courtesy of Ele Carpenter.  

« Le projet de culture nucléaire cherche à créer un espace plus formel dans lequel le nucléaire peut être appréhendé de manière critique tout en respectant les différentes opinions politiques des gens », précise Carpenter. « J’espère que ce livre va révéler les façons complexes qu’ont les artistes pour parler du nucléaire, en développant de nouvelles formes de langage critique et de compréhension afin d’ouvrir le débat. »

Autogena L. Joshua Portway, 
Greenlandic Uranium Ore, Riso, Danemark, 2016.

Ele Carpenter, L
aboratoire de recherches sous-terrain pour les déchets radioactifs, Horonobe, Japon, 2014.

Rattaché à une directive de la Commission Européenne sur le stockage des déchets radioactifs, The Nuclear Culture Source Book sortira en septembre au Royaume-Uni et en octobre aux États-Unis, en lien avec l’exposition « Perpetual Uncertainty » au Bildmuseet, en Suède. Cliquez ici pour en savoir plus.